La Surveillance

Les escadrilles de surveillance côtière

 

 

Numérotation

La circulaire 1554 Aéro2 en date du 2 juillet 1922, met en place le premier système de numérotation des formations. Pour la partie qui nous intéresse ici, on trouve tout d’abord la lettre R qui signifie « observation et reconnaissance ». A cette lettre sont ajoutés 3 chiffres (le 1er concerne la région maritime et les 2 autres symbolisent un numéro d’ordre). Ces chiffres de régions maritimes sont :

1 = Manche et Mer du Nord

2 = Atlantique

3 = Côtes méditerranéennes métropolitaines

4 = Afrique du Nord

La circulaire 35 Aéro.1 du 18 février 1925 précise un changement. Ce dernier se présente sous la forme d’une lettre encadrée par des chiffres. En tête le 1er chiffre désigne l’arrondissement maritime :

1 = Cherbourg

2 = Brest

3 = Lorient

4 = Rochefort

5 = Toulon

6 = Bizerte

Vient ensuite la lettre "R" pour Reconnaissance, suivie d’un chiffre désignant le rang de l’escadrille. C’est ainsi que nous trouvons pour exemple, la 1R1.

La circulaire 123 Aéro.1 précise que l’organisation de la Marine, repasse de 6 à 4 régions maritimes ainsi qu’il en était avant 1925. Une seule escadrille subit alors ce changement : la 5R1 qui devient 3R1.

La circulaire 77 Aéro.2 du 24 mars 1928 supprime l’appellation Reconnaissance "R". Celle-ci est remplacée par "E" (exploration) ou "S" (Surveillance). Pour exemple et dans les escadrilles de surveillance côtières nous trouvons 2S1 (ex 2R1) ou 4S1 (ex 4R1).

Les combats de mai et juin 1940, ayant amené une grande dispersion géographique des unités, le chiffre caractéristique de région maritime des escadrilles est supprimé en juillet 1940  et ces dernières prennent alors temporairement un numéro à suivre : 1S – 2S – 3S - 4S etc….

D’autre part, notons que les sections d’entraînement (que nous verrons dans le chapitre consacré aux bases) seront élevées au rang d’escadrilles régionales de surveillance en septembre 1939. Nous y trouverons, les 1S2 (ex section de Cherbourg), 2S2 (ex section de Rochefort), 3S3, 3S4, etc.…

 

Les hydravions de la firme CAMS

Dans le démarrage de chacune des rubriques précédentes, nous avions présenté l’aéronef représentatif de l’époque, et lié à ces missions.  Pour celle dédiée à la surveillance, nous avons sélectionné la firme CAMS dont voici un bref historique.

Après l’armistice de 1918, un citoyen helvétique, Lawrence SANTONI, qui avait édifié dès 1913 en Italie les premières usines SAVOIA de constructions d’aéronefs, s’installe en France. En novembre 1920 il crée à Saint Ouen, les Chantiers aéromaritimes de la Seine (CAMS). Cette firme présente son premier hydravion en 1923 dénommé 30.E*. A compter de celui-ci et jusqu’au type 57 (hormis le 52) les hydravions de la firme présentent  dans leur conception, les configurations qui définissent le type CAMS : Biplans construits en bois, ailes rectangulaires, coque à quille centrale et motorisation placée sous l’aile supérieure.

*Cet hydravion biplace d’entraînement, commandé à une vingtaine d’exemplaires par l’aviation maritime, fut utilisé à l’école de pilotage de Berre.

En 1925, Maurice HUREL (ancien officier de Marine) prend le poste d’ingénieur dans la firme et c’est sous sa  houlette que seront conçus tous les CAMS à venir, du monomoteur de tourisme à l’hexamoteur de transport.

Parmi toute la gamme des hydravions construits par la firme et destinés à la Marine (30.E, 33.B, 37.A, 46, 55, et 80) deux d’entre eux utilisés dans certaines escadrilles de surveillance retiendront notre attention : Il s’agit des types 37.A (premier vol en 1926) et 55 (premier vol en 1928).

Type 37.A : Longueur : 11,25 mètres – Envergure : 14,50 mètres – Moteur propulsif : 1 Lorraine12 Edr de 450 CV -  Vitesse maximale : 169 km/h – Plafond : 5000 mètres – Distance franchissable : 1200 km – Equipage : 3 hommes – Armement : 1 mitrailleuse sur affût mobile pouvant être installée à l’avant de la coque, de même qu’un lance-bombes sous chacune des ailes inférieures.

Type 55 : Diverses versions ont émaillé ce type dans l’aviation maritime (55.1, 55.2, 55.6, 55.10, ou 55.14).  Les caractéristiques principales relevées sur le modèle 55.1 sont les suivantes : Longueur : 14,85 mètres – Envergure : 20,40 mètres – 2 moteurs en tandem (Hispano-Suiza ou Gnôme-Rhône) – Vitesse maximale : 210 km/h – Plafond : 3600 mètres – Distance franchissable : 1250 km -  Equipage : 5 hommes – Armement : 2 mitrailleuses sur affût mobile à l’avant de la coque, ainsi que sur le dos du fuselage.

 

Présentation des formations

Escadrille 1S1

Créée en août 1936 à Cherbourg et armée en CAMS 55, elle est commandée par le LV André MENVIELLE.

En 1938, elle hérite de la fourragère de région, qui était arborée jusque là par la E2 (cette dernière cessant d’être sous les ordres de l’Amirauté régionale).

A sa tête et en août 1938, le LV Jacques HOURDIN succède à MENVIELLE. Ce sera le 2ème et dernier commandant de l’escadrille, qui sera dissoute en août 1940 après avoir été renumérotée très brièvement 1S.

Juste avant la déclaration de guerre et à partir de mai, de nouveaux appareils lui sont affectés : ce sont des Loire 130.

Toujours chargée de la surveillance de la Manche, elle perçoit quelques Laté 298 en mai 1940. Elle en perdra un abattu par un Messerschmitt 110  à hauteur de Gravelines le 24 de ce mois – Le pilote, le Maître LACHENY, meurt noyé.

Puis au fur et à mesure de l’avance allemande en juin 1940, elle se replie vers le Sud pour se retrouver finalement à Berre le 22. C’est sur cette  base qu’elle sera désarmée peu de temps après.

Le cliché ci-dessous et sur lequel figure un Loire 130, montre à l’avant de la coque de l’hydravion, l’ insigne de la formation représentant un puma prêt à bondir.

 

Escadrille 2S1

Il faut remonter assez loin dans le temps pour retrouver l’origine de celle-ci.

La B201 voit le jour en juillet 1922 à Brest, armée en Georges Levy HB2. Renommée 3R1 en mars 1925 (elle séjourne à Lorient de novembre 1924 à juillet 1925), elle perçoit en plus de ses premiers appareils, des Farman Goliath 60 ainsi que des Le0 H 13.6. (Tous ces appareils lui seront retirés en octobre 1926). Entre novembre 1926 et août 1940 (date de sa dissolution), sa dotation comprend :

- CAMS 33B (de novembre 1926 à avril 1927).

- Farman Goliath 65 (de mars 1927 à septembre 1928).

- CAMS 37 (d’août 1928 à octobre 1937).

- CAMS 55 (de juin 1936 à juin 1940).

- Gourdou Leseure 812 (de novembre 1938 à décembre 1939).

En novembre 1926, la 3R1 qui depuis juillet 1925 est à nouveau à Brest où elle aurait dû prendre une autre numérotation, se voit désormais désigner sous le terme de 2R1, numérotation qu’elle abandonne en avril 1928 pour devenir 2S1 (1ere escadrille de surveillance de la 2ème région maritime).

C’est lors de ce changement de nomenclature, que l’escadrille adopte pour insigne officiel celui du cormoran survolant la tourelle Mingam du goulet de Brest. Ce dernier sera repris après guerre par la flottille de patrouille maritime 24F stationnée à Lann Bihoué.

Le dernier commandant de l’escadrille est le LV André KERVELLA (d’avril 1939 jusqu’en août 1940).

Dès le mois de septembre 1939, l’escadrille mène des recherches de sous marins dans les abords de Brest et de Lorient. Elle y perd l’un de ses appareils, le 11 de ce mois, un Gourdou Leseure, avec sur son bord les 3 membres d’équipage.

A partir du mois de décembre, l’escadrille est affectée à Saint Trojan (Ile d’Oléron), ceci dans un but de surveillance des approches de Bordeaux.

Le 23 juin 1940, elle rejoint Hourtin, où les appareils sont abandonnés et le personnel évacué à Balaruc (Hérault).

    

 

Escadrille 3S1

1ère escadrille de surveillance côtière de la troisième région maritime, la 3S1 naît  en août 1931 à Hyères (Var). Etant équipée en hydravions, son cantonnement ne se situe pas sur le terrain de la BAN, mais juste à proximité  où, en bord de mer, une hydrobase est installée à son intention.

Jusqu’en avril 1938, sa dotation ne comprend que des CAMS 37A, dont nous pouvons découvrir ci dessous un cliché, réalisé lors de la prise de commandement du LV Maurice TELLIER le 1er septembre 1937.

 

En mai 1938, l’escadrille abandonne ses CAMS et se rééquipe en Gourdou Leseure 812. Elle conserve ces derniers jusqu’en février 1940, époque durant laquelle elle les échange à leurs tours par des LeO H43.

Dès la déclaration de guerre en septembre 1939, l’escadrille prend ses nouveaux quartiers sur la BAN de Saint-Mandrier et assure des missions de surveillance des approches maritimes de Toulon.

Renommée 7S le 1er août 1940, elle est dissoute 20 jours après.

 

Escadrille 3S2 (une nouvelle technique)

Définition de l’autogire : Aéronef dont la sustentation est due au mouvement circulaire d’un rotor tournant librement sous l’action du vent relatif, vent créé par le déplacement horizontal de l’appareil. Contrairement à l’hélicoptère avec lequel il ne faut pas le confondre, l’autogire ne peut pas s’élever à la verticale. Il n’est capable exceptionnellement que de s’immobiliser dans les airs. Par contre il peut atterrir presque verticalement.

Un ingénieur espagnol, Juan DE LA CIERVA Y CODORNU (1896-1936), à la suite d’un grave accident qu’il subit à bord d’un avion en 1918, imagina de remplacer l’avion à aile fixe (dont la sustentation était tributaire de la vitesse de translation) par une machine disposant d’une sustentation suffisante, sans qu’elle avançât. Il songea alors, aux voilures tournant librement dans le vent, c'est-à-dire les autogires.

Après plusieurs années de vaines recherches, il conçut un appareil dont la voilure articulée et retenue par des sandows, pouvait battre verticalement à la manière des ailes d’un ramier qui tournerait sur lui-même. Cet appareil réussit en 1923, à faire à 15 mètres d’altitude, le tour d’un aérodrome entre les mains d’un pilote. Au cours d’un autre essai, à la suite d’une fausse manœuvre, cet autogire, cabré à 45°, se mit en perte de vitesse à 10 mètres de hauteur et arriva au sol sans dommage, apportant ainsi la preuve de sa sustentation indépendante de sa vitesse de translation.

Une section Marine d’autogires, est formée à Orly en octobre 1936, sous les ordres du LV Léon ALLAIN. Les quatre appareils sont des Liore et Olivier C30 (construits sous licence). Voici grosso modo leurs  caractéristiques générales : Biplaces, motorisés par un Salmson 9 Nc de 135 CV, le diamètre du rotor est de 11, 30 mètres. D’un poids à vide de 545 kg pour 863 à pleine charge, ils peuvent voler à 170 km/h et parcourir environ 350 km.

En mai 1937, le Porte-avions BEARN croisant en baie de Douarnenez, un essai d’atterrissage de l’un de ces appareils fut tenté  par le LV ALLAIN. Quelques approches avec toucher des roues suivies d’une remise immédiate des gaz purent être effectuées lors d’une première tentative. Lors de l’essai suivant, gêné par les turbulences provoquées par l’îlot, l’appareil trop léger se trouva déséquilibré, le rotor heurta le pont et l’autogire se retourna sur le côté avec quelques dégâts. Cet accident mit fin à toutes autres expérimentations de ces appareils à bord du porte avions.

 

Commandée depuis août 1937 par l’EV1 CHATEL DE RAGUET, la section déménage d’Orly et s’installe à Hyères en février 1938.

Elevée au rang d’escadrille en mai 1939 lors de l’entrée en guerre en septembre, la 3S2 est affectée sur le terrain voisin de Cuers-Pierrefeu, où elle stationne jusqu’en février 1940. Commençant à percevoir à compter de janvier des exemplaires de LeO.C301 (version plus élaborée du C30), la 3S2 est mise à disposition de « l’Amiral Nord » et suite à cette décision s’installe le 24 février 1940 à Deauville (Calvados). Dès leur arrivée, les pilotes reprennent les missions anciennement dévolues à la 2S3 affectée entre-temps à Lanvéoc Poulmic (surveillance des approches du Havre et escorte des navires).

Appareils lents et non armés, pouvant  offrir une cible trop facile aux appareils allemands, ils sont retirés de ce secteur et le 3 juin la 3S2 est repliée à Lanvéoc-Poulmic. Les autogires seront détruits le 18 juin par le personnel, ce dernier évacué le même jour par voie maritime.

    

 

Escadrille 4S1

Le 1er avril 1928 sur le terrain de Fréjus Saint Raphaël, cette escadrille destinée à servir en Tunisie, est créée sous les ordres du LV Antoine DE GAIL. A cette époque elle est dotée de CAMS 37A (qui serviront en son sein jusqu’en décembre 1933). Dès août de cette même année, elle abandonne les côtes varoises et prend domicile  dans le protectorat tunisien, sur la base de Karouba située non loin de Bizerte.

C’est en ces lieux que le LV François BRACHET succède en novembre 1929 à DE GAIL.

En janvier 1934 et lors de l’intronisation du nouveau commandant (LV SARTHON DU JONCHAY, qui succède à Charles FLAMANT lui-même commandant depuis novembre 1931), l’escadrille vient d’abandonner ses CAMS 37 et se rééquipe avec ceux du type 55.

    

Le dernier commandant de l’escadrille est nommé  le 3 janvier 1939, il s’agit du LV René DURAND. Sous ses ordres, l’escadrille durant les 10 premiers mois de guerre, effectue des missions de protection rapprochée des bâtiments de transport de troupes, ainsi que des vols de surveillance du littoral tunisien et Est-algérien. Notons que le 10 juin 1940, la base de Karouba violemment bombardée par l’aviation italienne, ne verra aucun appareil de l’escadrille souffrir de cette attaque.

La 4S1 est dissoute le 30 août 1940, après avoir porté brièvement depuis le 1er de ce mois la numérotation de 13.S. Elle renaîtra sous sa première dénomination en décembre 1942, alors armée en Latécoère 298.

 

Escadrille 8S2

L’Aéronautique navale aux Antilles voit le jour à Fort de France en Martinique en janvier 1936. Les hydravions sont du type FBA 17.HE2 (utilisés jusqu’en fin d’année 1937) et CAMS 37A (jusqu’en octobre 1938). Le 1er janvier 1938, cet échelon d’aéronautique est désigné sous le terme de section de surveillance 5S2.

En remplacement des CAMS 37, et dès octobre 1938, la 5S2 perçoit des Gourdou Leseure 812, qu’elle conservera jusqu’en juillet 1944, date de sa dissolution.

Dénommée 8S2 le 17 octobre 1939, l’escadrille reçoit dans sa dotation des Loire 130 à compter de février 1940. C’est sur l’un de ces appareils que l’on peut apercevoir ci-dessous, l’insigne de la formation qui représente une tête de serpent trigonocéphale, hôte " familier " de l’île de la Martinique.

Dès le début de la guerre, ses hydravions font des vols d’escorte de navires entrant ou sortant de Martinique ou de Guadeloupe.

Après l’armistice, la 8S2 est renommée 17S et son activité commence alors à décliner. Survivant plus ou moins malgré tout, et redésignée 3S en décembre 1943 lors du ralliement des Antilles au comité français de libération, elle est finalement dissoute en juillet 1944.

 

Escadrille 8S5

Voir dans le volet Exploration, le chapitre réservé à l’escadrille E8 de Tahiti.

 

Escadrille du Donnaï

En 1976, le général (2° section) BARHELEMY, de l’Armée de l’air, a rédigé un livre intitulé " L’escadrille du calao ", dans lequel il a retracé l’historique de cette formation de l’Aéronautique maritime reversée à l’Armée de l’Air le 1er octobre 1933. J’en livre ici quelques extraits :

" C’est en 1929 que fut décidée l’implantation d’une base d’hydravions en Indochine. Une instruction ministérielle de janvier 1929 dont le texte avait été préparé par le LV MENES, avec l’accord du commandant de l’Aéronautique navale, le capitaine de vaisseau ESTEVA, donnait les directives suivant lesquelles devaient être étudiés les plans du nouveau centre, appelé à recevoir des CAMS 37 et des CAMS 55. Le LV MENES fut désigné pour rechercher l’emplacement le plus convenable. Arrivé à Saïgon le 23 juillet 1929, il se mit immédiatement à la tâche, étudiant et comparant les diverses possibilités d’installation dans la région de Saïgon, ainsi qu’en basse et haute Cochinchine. Dès le 30 août, il remettait au secrétaire général, un rapport manuscrit en conclusion duquel, il proposait de retenir le plan d’eau du Dong Naï ou Donnaï, à une dizaine de km de Saïgon. A proximité se trouvait le petit village de Cat Laï, relié à l’autre rive du fleuve par un bac peu fréquenté. Le terrain en bordure du fleuve permettait d’implanter des hangars et toutes constructions nécessaires à la mise en œuvre d’une base aérienne et à la vie du personnel.

L’emplacement proposé par MENES fut accepté par le Gouverneur Général qui donna le 4 septembre, l’ordre d’achat des terrains. Les travaux démarrèrent à la fin du mois de septembre 193. Après de nombreux retards dus à des causes multiples (inertie et mauvaise volonté de certaines administrations) le 11 septembre 1931, la base d’hydravions du Donnaï fut effectivement armée et, le 11 octobre l’escadrille sous les ordres du LV MENES recevait ses trois premiers CAMS 37A. Le matériel donnait, dans l’ensemble, satisfaction. Il était apparu cependant que les coques en bois résistaient mal au climat humide : le contre-plaqué se détériorait par l’intérieur, donc d’une manière non apparente, et cédait ensuite brutalement. L’effectif de la base était d’environ 180 personnes dont une centaine d’Indochinois. Mais il n’y avait que 2 officiers pilotes, le commandant et son second, l’EV PILLON, ce qui était très insuffisant, tant sur le plan du commandement que sur celui de l’activité aérienne. L’état sanitaire était resté excellent pendant 18 mois, puis une épidémie de paludisme, sans extrême gravité, s’était brusquement déclenchée, affectant tout de même presque le tiers de l’effectif.

Pour pouvoir utiliser sans restrictions les hydravions dans tout le pays, il fallait être en mesure d’assurer leur sécurité au mouillage, c'est-à-dire disposer d’un certain nombre de bases côtières et fluviales, judicieusement réparties et pourvues au minimum de corps morts. C’est pourquoi le LV MENES avait demandé l’aménagement de 17 bases d’escales pour lesquelles il avait proposé un ordre d’urgence. Quoiqu’ évidente, l’utilité de ces bases était contestée par certains, de sorte qu’il fallut plus d’un an pour faire aboutir la question…

L’année 1932 fut marquée par une intensification de l’activité aérienne : le 8 avril, transport de vaccin à Poulo Condore où s’était déclarée une épidémie de charbon ; le 10 avril, évacuation sanitaire de Poulo Condore à Saïgon ; les 1er et 10 mai transports de plis électoraux ; les 21 et 22 mai, reconnaissance aérienne jusqu’à Quinhon pour rechercher la canonnière Alerte ; le 27 mai nouvelle évacuation sanitaire de Poulo Condore ; le 31 mai, reconnaissance en vue de l’établissement d’une ligne électrique à haute tension en basse Cochinchine ; du 3 au 18 mai, voyage de 2 appareils au Tonkin ; du 24 au 26 mai, voyage de 2 appareils au Cambodge ; au mois d’août, une section de 2 hydravions se rendait à nouveau au Cambodge et participait, dans la région d’Angkor, aux travaux de recherches archéologiques de l’Ecole française de Hanoï. En septembre, deux CAMS 37 se rendaient à Hué pour participer aux fêtes données en l’honneur de Sa Majesté Bao Daï. 

Ainsi était-il prouvé que le matériel était bien adapté aux missions dévolues à l’escadrille et que les équipages avaient acquis l’entraînement suffisant pour le mettre en œuvre dans des conditions satisfaisantes. C’est donc une unité vraiment opérationnelle, que le LV MENES remit à son successeur, le LV DE GOULET, lorsque celui-ci le 21 octobre 1932 prit le commandement de la base et de l’escadrille.

L’expérience avait montré que la création d’une base aérienne en Indochine était une entreprise difficile et cela n’a rien d’étonnant si l’on pense à la sévérité des conditions locales et à la faiblesse des moyens dont on disposait à l’époque. Mais l’organisation adoptée, qui revenait à placer sous un commandement une formation dont le personnel était soumis aux règles d’administration d’un autre, n’avait fait qu’amplifier les difficultés et avait même contribué à en créer de nouvelles. L’application conjuguée des règles de la Marine et celles de la Guerre, ne pouvait qu’être une source d’incompréhensions, de retards et parfois de conflits, en dépit de la bonne volonté des exécutants. C’est ce qu’exposait, dès 1931, le CV BONGRAIN, commandant la Marine en Indochine, dans une lettre adressée au Gouverneur Général, en conclusion de laquelle il posait l’alternative : « Etre ou ne pas être marin. ». Il estimait qu’il fallait, ou bien rattacher la base au commandement de la Marine, ou bien donner la base aux aviateurs en enlevant le personnel marin. C’est cette solution qui fut retenue et le capitaine GAUDILLERE fut désigné pour succéder au LV DE GOULET. Il arriva de France en août 1933, accompagné du lieutenant TUFFAL et d’un certain nombre de sous-officiers aviateurs venant prendre la relève du personnel marin. La passation de pouvoir eut lieu le 1er octobre  1933*"

*en réalité le 1er septembre…

A noter en marge de ce récit que 3 autres CAMS 37 furent livrés à l’escadrille en juillet 1932, ce qui portât la dotation au nombre de 7 pour les hydravions, compte tenu qu’un FBA 17 avait été hérité du croiseur TOURVILLE en 1930 (Ce FBA cessera ses activités au cours du mois d’août 1932).